VOUS AVEZ UN MESSAGE...

J'ai reçu un message privé!
Quand j'étais gamin, j'attendais le facteur, à genoux sur le canapé du salon, le nez à la fenêtre.
En ce temps-là, le préposé de la poste portait casquette, capeline et roulait à vélo.
Jamais en retard! Toujours le sourire. Petit signe de la main. Tintement de la sonnette de sa bicyclette.
Une sacoche de cuir brun qu'il portait en bandoulière, gavée de lettres bien rangées, triées préalablement en fonction de sa tournée de campagne.
Une autre accrochée à l'avant de sa machine.
Il s'appelait Gilbert notre postier.
Hier, c'est la messagerie de mon ordinateur qui a tinté. Autres temps...
Mon facteur s'appelle désormais gmail, hotmail, messenger, skype...
Ces nouveaux coursiers, ces nouveaux pigeons voyageurs ne viennent plus aux étrennes boire le petit coup de gnôle, ne repartent pas rougeaud en zigzagant et en chantant... Autres temps dis-ai-je!
Sinon que ma correspondante m'a bien saoulé avec sa missive!
D'après cette chère pisseuse de vinaigre, je vis au pays des Bisounours!
Je ne rends pas service à la communauté internationale, au tourisme mondial en ne dénonçant pas, aux yeux de la fâchée du Bescherelle, le pire pays de la planète: le Sénégal.
Je suis le Grosbisou de la Téranga. Grosrêveur, Grostendre, cousin Toudoux.
Je ne vois pas la réalité glauque, dangereuse, perverse, sale, immonde, pornographe, vicieuse, hypocrite, malsaine, islamiste, bokoharamesque du pays de Macky Sall.
Je ne vois pas la pollution des terres et des âmes. Je suis aveugle de la corruption galopante, sourd des pleurs des enfants talibé, handicapé du bulbe à refuser la dénonciation d'Ebola, du palu, de la dengue, de la lèpre et autres maladies honteuses des noirs (sic)...
Je suis payé par le gouvernement, les imams, les marabouts, les hôteliers, aubergistes et autres endroits de débauche entre Touba et Saly.
Je fais la propagande du pays le plus monstrueux de la galaxie aux yeux de Miss Maléfique.
Si encore cette gestapiste avait du style, de l'humour, un brin d'intelligence, d’orthographe...je lui aurais léché une petite bafouille, le revers de colle d'une enveloppe...
Mais, elle ne mérite même pas la salive de mon crachat que je préfère offrir à cette terre d'Afrique.
Je lui offre donc ma gerbitude par le petit bout de ma lorgnette.

(Illustrateur inconnu)