RANTANPLAN

Comme sur "la piste des Dalton", mon Lucky Luke à moi a croisé son Rantanplan pour la toute première fois sur une piste, entre Diofior et Sorsorobougou, dans le Sine-Saloum.
Un chiot laobé, la race improbable des chiens jaunes d'ici. Blessé de vilaines morsures, il ne dut son salut qu'à mon copain André, un cow-boy de Bouzigues descendu de cheval au Sénégal par cafard, par hasard...
André tenait une petite boulangerie du côté de l'étang de Thau. Sa Pomponnette s'est fait la malle, un soir, sans crier gare.
Mon pote a vendu son commerce, rassemblé quelques babioles dans une valise et s'est envolé "au bout du monde". Au Sénégal. Il y a quinze ans de cela.
La femme du boulanger ne lui avait pas fait de petit, il n'avait que des copains,, des clients. Plus de famille.
Alors, le Sénégal...pourquoi pas!
Cocu sous le soleil, ça fait fondre les souvenirs. Les désespoirs aussi...
André s'est démerdé. S'est installé.
"Sortir du pétrin et gagner ma croûte, ça, je l'ai fait" aime-il a raconter avec l'accent qui a fait le voyage...
Il a épousé Joséphine, une douce Sérère de Fatick. Sans enfants, ils ont adopté Rantanplan!
-"Ce chien, c'est le contraire du clébard stupide de la BD! Il est malin, comme un singe!"
J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte à chacune de mes visites chez Keur-Dédé.
Il ne payait pas de mine avec son oreille arrachée et sa patte folle mais avait des yeux à bouleverser un poteau Sénélec!
Rantanplan s'en est allé la semaine dernière.
Il aura donné quinze années d'amour, de joie, de bonheur a un bon bougre cabossé par la vie.

(Aquarelle Laura Gauthero)