PELICAN

10 Janvier 2017

Flap flap flap...
Monsieur Pélican s'élance, décolle, s'arrache de flots. Pas facile pour ce gros lourdaud!
Pourtant, dès qu'il se libère, qu'il prend sa vitesse de croisière, quelle légèreté! Quelle grâce! Quel virtuosité!
J'aime bien ce pataud à la bonhommie apparente!
J'en ai fréquenté un sacré spécimen pendant un certain temps. Sale caractère!
Mais, incompréhensiblement, nous nous rapprochions, nous cherchions. Juste pour jouer à nous chamailler.
J'aimais tenter de lui caresser le bec. Lui, adorait tendre le cou pour mieux reculer et éviter mes doigts.
Quand j'y arrivais, il boudait quelques secondes avant de revenir me provoquer.
Il avait élu domicile à Ngor, au bord d'une piscine.
Trop vieux, trop déplumé, il avait décidé de se sédentariser. La cuisine était bonne, la vue sur l'île imprenable.
Bon plan de retraite!
Quand passaient ses congénères, incrédule au fatiguement, il semblait ne plus avoir aucune envie de les suivre dans leurs vols.
Migrer, pêcher, se fatiguer alors qu'on a gîte et couvert au creux de l'une des plus belle baie de l'Afrique de l'ouest... Pas fou l'emplumé au garde-manger goitreux!
Je ne me souviens plus de son nom. Moi, évidemment, je l'avais rebaptisé Loulou!
Quand arrivait la propriétaire des lieux, Loulou la suivait tel un caniche jusqu'à ce que Madame ouvre la porte de la cuisine.
Il savait où était caché le poisson et donnait des petits coups de bec dans la porte du frigo.
- Hé ho! Allez, ouvre! J'ai faim là!
Parfois, il devait chasser le chat, le courser jusqu'à ce que minet comprenne qu'il avait intérêt à quitter les lieux sous peine de se faire pincer la queue...
Quand Loulou le Pélican était repu, il regagnait le bord de la piscine pour une sieste bien méritée.
Dur-dur la vie d'un pélican à Dakar!

(aquarelle Erika Johnson)