LES ENVAHISSEURS

Hier soir, pendant que je chassais, je me faisais la réflexion suivante: "Que j'ai bien fait de prendre un margouillat comme mascotte! J'aurais pu choisir éléphant, lion, voire pire".
Bon, je vous raconte!
Habiter une case dans un petit village de brousse a des avantages inimaginables pour qui n'a pas tenté l'expérience! Et, quelques inconvénients...
L'un d'entre-eux est la visite intempestive d'envahisseurs de tous poils.
De toutes écailles également!
Quand Mbin Diakar était en travaux, à "ciel ouvert", ce furent d'abord des chauves-souris.
Merveilleux engins volants identifiés, radarisés et tellement bénéfiques; quoi qu'en disent les légendes populaires, marabouts et autres sorciers.
Seul soucis avec ces adorables bestioles; vulgairement écrit: ça chie partout!
Si le guano est riche, est un engrais, un fertilisant extraordinaire... ça salope quand-même pas mal des murs crépis fraichement peints en blanc!
N'ayant que très peu de connaissances en insectes - même si je fais des progrès fulgurants -, il m'est difficile de vous énumérer mes locataires, mes squatteurs permanents.
Araignées, mouches, guêpes, abeilles, vers, mille-pattes, moustiques, ovnis en tous genres. Rampants aussi.
Ayant une âme de Noé des temps modernes, j'essaie tant bien que mal, de leur montrer la sortie plutôt que tenter de les éradiquer.
Écraser, yotoxiser n'est pas dans ma philosophie.
Même si j'avoue que se lever dans le noir et, pieds nus, écraser malencontreusement un ver de douze centimètres de long, d'un diamètre de cigare cubain... ça offre une sensation particulière quand le Davidoff Escuria sénégalais s'éclate, explose et gicle sous le talon...
L'autre midi, c'est un petit souimanga qui volait dans la cuisine. Ouvrant portes et fenêtres pour le libérer, ce sont d'autres importuns qui ont pris possession de mon refuge.
Je me souviens aussi d'un matin. Je tape une Margouillerie sur mon clavier. Soudain, passant derrière l'écran de l'ordinateur et venant se blottir contre ma souris: une souris! Une vraie, une vivante, une adorable boundao souris!
Elle me regarde avec des yeux éplorés. "Tu veux bien me remettre dehors? J'aime pas trop chez toi. Je préfère le jardin."
Avec mille précautions et une dextérité dont je m'étonne encore aujourd'hui, j'ai exhaussé ses vœux avec maestria!
J'en viens - enfin - à ma chasse d'hier soir!
Deux ou trois gecko vivent en permanence à Mbin Diacar. Planqués le jour derrière des tableaux, des batiks. La nuit, ils festoient! Nettoient la case d'un maximum d'insectes en les engloutissant avec une précision chirurgicale.
Eux, les geckos, ont gîte et couvert à la maison!
Par contre et par inadvertance, entre malencontreusement parfois, voire souvent, l'un ou l'autre margouillat.
Distraction, curiosité. Vas t-en savoir!?!
Le margouillat n'aime pas du tout se retrouver enfermé! J'en sais quelque-chose...
Alors, je tente de les reconduire sur la terrasse.
Exercice périlleux! La bestiole est agile, rapide. Grimpe, escalade, plonge, saute périlleusement, dégringole, rigole...
La chasse, le déguerpissement sont permanents!
Je sais! "Qui se ressemble s'assemble", merci!

(illustrateur inconnu)