OBSERVATIONS ANIMALIERES

Le stoïcisme du Margouillat m'a réellement bluffé hier matin!
Imaginez!
Il est six heures; il fait nuit.
Pas une heure décente pour qu'un vieux lézard ouvre ses yeux globuleux.
Sinon qu'avec moi, le reptile a pris l'habitude de se lever tôt, voire trop tôt.
Alors, comme nous sommes en villégiature chez un ami, que la maison dort, que Sénélec fonctionne, j'éclaire le jardin.
Une tasse de café pour compagnie, je m'assieds au bord de la piscine.
Si l'homme dort encore, la nature, les noctambules s'entend, vaquent à leurs occupations.
Insectes et chauves-souris principalement.
Ces dernières s'en viennent boire un dernier, "pour la route". Sympa d'allumer la piscine avant de rentrer dormir!
Le balai des assoiffées est une pure merveille de funambulisme!
Souvent observé à la nuit tombante, c'est la première fois que je découvrais ces demoiselles s'abreuver en rentrant du gueuleton de la nuit.
Une planche de polyuréthane bleue flotte sur l'eau. Vestige du dernier cours de natation de Petite Awa, sans doute.
Une bêbête y tourne en rond. Je ne suis pas spécialiste en insectes et celui-ci est très laid, très gros, très con!
Tellement bête qu'il en a oublié qu'il a des ailes et qu'il peut s'échapper du radeau à tout instant.
Et bien non! L'animal tourne en rond, cherche l'issue, la planche de salut, le pont, le ponton illusoire qui le ramènera sur la margelle.
L'accompagnent dans cette galère deux fourmis géantes emportées sans doute là par un coup de vent malicieux et pervers.
J'observerai ces trois naufragés de la Méduse durant plus d'une heure. Fascinant!
Le relationnel entre mon trio de Robinson Crusoé sur le frêle esquif s'avérant intéressant, voire source de parabole, de fable animalière dont je vous gratifierai l'exclusivité un de ces jours, sans doute.
La clarté timide mais inexorable aidant, j'observe le passage de centaines de milans dans le ciel. Ils s'en viennent de Mbour et s'en vont chiner vers les reliquats de consommation touristique, des ordures de Saly...
Sans doute aussi vers quelque pêcheur de l'aube maladroit, quelque poubelle de restaurant au couvercle absent.
Avant d'aller prendre notre douche, le Margouillat passera la langue à observer - sans bouffer - le parcours d'une fourmi portant une aile de mouche entre les pattes et tentant, malgré tout, l'escalade de la face nord du mur d'enceinte afin de retrouver son garde-manger et d'y déposer son butin.
J'avais tant envie de l'aider, la porter, la supporter dans son parcours insoutenable. Je l'ai pourtant laissée à sa fierté d'y arriver seule.
L'homme fait déjà tant de bêtises avec la nature...

(aquarelle CD "Mister Z59")