21 Juillet 2018
La conception même de la cadence de travail est totalement incomparable avec les rythmes imposés par la société de consommation, la mondialisation, les rages taxatoires, les dettes et l'éducation des peuples "blancs" et "jaunes".
Ici, au Sénégal, malgré l'émergence d'une société tendant à copier le tempo du monde, demeure près de quatre vingt pourcents de débrouillards de l'informel, de pêcheurs et d'agriculteurs qui vivent au rythme des besoins et des saisons.
La question qui est alors sensée être posée est de savoir qui a raison! Celui qui brûle sa vie à travailler ou celui qui profite un peu de son court séjour sur cette terre.
"Il est où le bonheur Monsieur Maé? (juke-box)
Ce préambule philosophique m'est, une nouvelle fois entré dans la tête alors que le Margouillat, assis au pied d'un baobab, regardait le labeur des hommes, des femmes et des enfants.
Quelques belles pluies solides ont déclenché le fourmillement des humains aux champs.
Brûler les derniers fantômes d'herbes et de pailles, épandre les excréments des bêtes, sillonner, semer, éclaircir. Puis, regarder le ciel, prier, souhaiter la clémence et la bonté de dieu pour que les pluies soient abondantes et sans chaos.
Quand la sueur a coulé sous quarante degrés, sous plus de quatre-vingt cinq pourcents d'humidité; quand le poids des fardeaux a blessé les reins, quand les besognes ont écorché les mains, on boit un peu d'eau transporté par les enfants. On se couche à l'ombre rare, à même la terre et on s'endort quelques instants.
Au réveil, après palabres et rires, on continue les tâches avant de rentrer au village devenu, au crépuscule, trop éloigné.
Les ânes, les chevaux et les hommes sont épuisés. A la concession, une femme a préparé le repas.
Les hommes mangent. Puis, les "autres". Quand la lessive sèche sur les clôtures de rôniers, quand la vaisselle est lavée, quand les bêtes sont enfermées, attachées, nourries.
Puis, on palabre et on rit encore. La télévision s'allume. Séries en série jusque tard dans la nuit.
Demain sera un autre jour de labeur, inch Allah...
(aquarelle Marie Jeanne Hanquet)