RENIFLEUR

Une seconde pluie est arrivée hier. Comme une vague, comme une caresse, comme une promesse tenue de revenir encore enfanter la nature.
La semaine dernière, Brigitte me grondait de ne pas avoir évoqué les odeurs après l'ondée. Je n'ai aucune excuse! C'est tellement, tellement...magique! Indescriptible!
Cette terre qui exulte, qui remercie en libérant ses fragrances étranges, mélangées, enivrantes, suaves, légères, délicates ou fortes, voire agressives mais...qui, les yeux fermés, vous disent: "tu es en Afrique!"
N'ayant pas encore décidé de faire un saut en Toubabie, je ne connais pas les parfums de l'AIBD. Y-en a t'il?
Sont-ils les mêmes qu'au Senghor? Ils devraient être plus démonstratifs qu'à Yoff, plus broussards, non?
Imaginez! Dakar, l'une des villes les plus polluée au monde. Vous atterrissiez, une hôtesse déclenchait l'ouverture de la porte de l'avion et, avant même de vous retrouver sur la passerelle, l'Afrique fouettait vos narines!
Cette gomme arabique, ces encens indécents des femmes d'ici, cette sève d'acacia, ces feuilles d'eucalyptus, ces transpirations de terres, de sel, d'océan, de vents colporteurs de mille essences...
Certains chagrins tenteront, sans doute, d'incruster dans cette vaine description, quelques relents, quelques fétidités locales...
Ne gâchez pas mes plaisirs!
Je sais des odeurs pestilentielles. Elles sont comme les gens infréquentables.
J'ai appris à passer mon chemin, à aller ailleurs, solitaire ou bien accompagné d'êtres qui respirent l'humanité.

(illustrateur inconnu)