Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Lorgnette du Margouillat

MON POTE LE POÈTE

MON POTE LE POÈTE

Il est un privilège agréable d'être Margouillat.
Celui de croiser la plume avec quelques sénégalais qui aiment la langue française. S'ils sont rares à commenter, à s'exprimer en public, certains n'hésitent pas à converser en messages privés ou par mail avec Lazare.
Plusieurs vivent en France, la plupart à Dakar. D'autres encore, étonnamment, dans des petits villages de brousse, sur une île du Saloum.
Ceux-ci ont bien du mérite car, rares sont ceux qui ont eu la chance de faire des études universitaires.
Sans doute un instituteur qui a su déverrouiller le carcan des langues ethniques pour intéresser l'enfant à ce qui est encore la langue nationale de ce pays, le français.
Les dialectes sont précieux pour les racines, la culture locale, entre autres. Mais, bien évidemment, les richesses d'une langue, tel le français, ouvre des fenêtres sur le monde, des portes sur l'emploi.
Le vieux lézard a, dans ses relations épistolaires, un poète Sérère. Il doit être jeune, vit sur une île et revendique son goût pour la littérature en expliquant que sa clé à lui, ce fut Senghor.
Le premier président du Sénégal a au moins le mérite d'avoir donné ses lettres de noblesse à la langue des colons. Une certaine fierté nationale également à mentionner le premier écrivain noir à l'académie française.
Mais surtout d'avoir donné envie de mâcher la langue de Molière, goûter à celle de Maupassant, savourer celle d'Hugo.
Avec bonheur, je constate que Fatou Diome n'est pas étrangère à ce renouveau de la littérature française au pays de Cheikh Anta Diop.
Si mon correspondant et moi sommes des rémouleurs, des aiguiseurs, des meuleurs de mots. Nous sommes bien d'accord que les ciseler est un autre art que nos potacheries. Sinon qu'aimer écrire est un tel bonheur que nos égoïsmes suffisent!
Assouvir nos soifs de syntaxe, nos faims de mots qui sonnent, qui riment, qui balancent est un tel plaisir!
Je partage le mien sur un blog, sur Facebook. Lui, même pas!
Il n'écrit que pour lui, sa muse, son village, son île et quelques privilégiés.

"Tu sais, moi, l'académie française, le Panthéon, ça ne m'intéresse pas trop. Aller en France? Même pas partant! Quand je ne suis pas aux champs, à la pêche, sur mon établi, j'ai mon endroit, à l'ombre d'un anacardier. je vois le delta, je suis seul, tranquille. Je tape sur ma tablette ou j'écris sur un bloc de feuilles quadrillées. Là, je suis bien! Je parle à ceux que j'aime, je couche mon amour pour mon peuple, ma terre, mon pays..."

(aquarelle Jacqueline Giran)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article