MON AMI VIRTUEL

Le monde est petit.
Le Margouillat a un ami virtuel qui vit à cinq mille kilomètres de son Sine Saloum natal.
Dans la ville où le vieux lézard est né.
Il lit parfois l'un où l'autre de mes petits papiers. Surtout ceux qui frappent et cognent dans un petit coin de son cœur qu'il appelle "nostalgie"...
Il nous arrive de correspondre.
- Parle-moi de chez moi!
Alors, Lazare raconte. Mbin Diakar n'est qu'à quelques kilomètres de son village.
Le nouveau goudron entre Joal et Samba Dia, le charme perdu au pied du baobab sacré de Fadial, L’égouttage et le bac de réception des eaux, là où le bus s'arrête à Mbissel. La toubab "confitures", le boundao clando de Guillaume...
- Tu prendras un sachet de ma terre et tu me l'apporteras, s'il te plait.
- Mais, tu ne reviens jamais à la concession, au pays?
- Je t'expliquerai, c'est compliqué...
- Laisse tomber mon ami! Il est des fatiguements qu'il faut oublier au fond d'un vieux sac de riz.
- Ah toi, là, tu es un vrai sénégalais!
On rit.
Il me demande si je connais untel, unetelle, si je vais aux huîtres sur le tan.
- Tu es allé sur la tombe de Maissa Waly, le premier roi du SIne?
- Oui Grand! Tu es fier de ton royaume, n'est-ce pas?
- Ah oui! Parfois, tu sais, j'ai trop sa nostalgie!
Par contre, je comprends que toi, pas vraiment là quoi. Ta ville est sale, dangereuse, les gens paraissent souvent tristes. Il fait froid. C'est trop cher aussi! Mais, bon, j'ai du travail, je gagne un peu...
Il me demande le prix du mbourou, du riz, des oignons.
- Hi! ça a augmenté dis!
Nous nous sommes promis de nous rencontrer quand je retournerai embrasser les miens en Toubabie du nord.
- Si tu as de la place dans ta valise, je veux bien quelques pains de singe, un peu de bissap...
- Fais-moi des photos de chez moi!

Je l'aime bien mon ami virtuel.
Je sais que tu me lis. Je te salue. Ci kanam! Nio far!

(illustration Georges Pemba)