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La Lorgnette du Margouillat

HOMMAGE AUX ARTISTES

HOMMAGE AUX ARTISTES

Un auteur, un réalisateur, un compositeur ne font correctement leur métier artistique que s'ils touchent leur public.
Quel que soit le genre littéraire, cinématographique ou musical. Il en est de même pour les sculpteurs, les peintres, les chorégraphes et quelques autres saltimbanques honnêtes de l'art.
Quel bonheur alors pour le créateur de ressentir le plaisir, l'émotion que procure ce qu'il offre au public.
Par contre, quelle frustration, quelle colère, quel drame, quel désespoir si son œuvre est rejetée! Pire: si elle est incomprise!

Il en est de même, modestement, pour le Margouillat quand il lit certains commentaires...
Et vas-y que j'extrapole, que je salisse, que j'aime ce que je n'ai pas compris! Ce que je ne sais pas, que je ne connais pas.
Mais, ce n'est pas de Lazare dont j'ai envie de vous édifier. Plutôt d'un artiste de rencontre ancienne qui vit dans la douleur de l'incompréhension. Dans les sarcasmes de sa famille, de son entourage.

Modou est peintre. Son jeune parcours académique se déroule dans le chaos d'une famille rejetant son chemin d'envie, sa piste de destin.
"Peintre ou pédé, c'est la même chose! Tu nous fais honte! Travaille! Donne tes xaalis à ta famille bon à rien!"
Modou travaille. Dans l'informel. Entre les horaires de l'académie. Il jongle avec le temps, bricole dans l'honnêteté. Un artiste n'est pas un mendiant!
Je regarde encore ses premiers tableaux. Ce type a la fièvre du dessin, la passion des couleurs, des atmosphères. Tout est africain, rien n'est "touristique". Il est doué et ne concède rien!
Parfois, Modou laisse en dépôt quelques toiles à Soumbédioune, à Gorée, à Saly.
- Ton ami là, il est mauvais! On ne vend rien de lui!
A mes yeux, c'est l'un des meilleurs! Même si son évolution artistique me plait moins, plus il vieillit, plus c'est un homme libre.
Je connais tant de barbouilleurs aux cimaises des murs à fric! Des faciles, des imposteurs. Des marchands qui pondent quinze toiles en une nuit. Des fabricants pour bitiks.
Un autre qui plait tellement aux vieilles toubabs friquées alors qu'il n'a jamais tenu un pinceau de sa vie...
Le vieux lézard a toujours baigné dans cette bassine particulière de la peinture. Sachant renifler l'homme au travers de son œuvre. Des difficiles, des torturés, des fragiles, des fous de transcendance, d'honnêteté. Sans concession.
Aucun n'est devenu ni riche, ni célèbre. Sauf un. Une putain au talent fou mais à l'arrivisme dégueulasse.
J'ai fait l'erreur, un jour, de proposer une fenêtre sur le web à mon ami. Il a refusé.
- Ne mets jamais un de mes tableaux sur internet. Là, tu vois, t'as rien compris!
Je n'ai, en effet, pas compris mais j'ai obéi.
Je sais des maudits. Peintres, poètes. Ils se cadenassent dans l'à côté. Parce qu'il est invivable de coexister avec l'inhumain.
Je suis attiré par les êtres sans concession. Qui viennent et vivent ailleurs.

(aquarelle Dean Mitchell)

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