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La Lorgnette du Margouillat

SINE SALOUM

SINE SALOUM

Là où vit heureux le Margouillat, l'eau manque. Je m'en suis déjà tant répandu qu'il est inutile de revenir sur le sujet. Sauf pour vous confirmer que ça ne s'arrange pas!
Par contre, nous avons l'électricité et, reconnaissons-le, très peu de coupures. Sauf à l'hivernage.
Nous avons également le réseau internet. Même si celui-ci laisse parfois à désirer...

Et voici que de grands travaux s'annoncent! Le désenclavement du Sine Saloum est engagé!
Déjà, on nous a gratifié d'un goudron superbe entre Joal et Samba Dia, avec deux extensions judicieuses vers Fimela et Djiffer. La route Ndiosmone-Ndangane est, elle, rénovée depuis quelques années. La signalisation est excellente. Manque juste un éclairage public.
Il arrive! Même si le nouveau câblage à haute tension, les pylônes "obligent" à massacrer littéralement les arbres sur leur passage. Les villageois, rémunérés pour élaguer, n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Il est tellement plus simple et plus rentable d'abattre!
Des centaines et des centaines! Dans une région qui se sahélise, qui se salinise.
- Plus d'arbres, plus de pluies!
Mais, ça, faut encore le faire admettre par une population absolument inconsciente des conséquences de la destruction de leur flore et très âpre aux xaalis taf taf gagnés.
-Dieu va arranger ça, inch Allah!
Notre belle région est également en train de se doter de la fibre optique! Si si! Je vous l'assure!
Conséquences: internet top niveau et surtout, l'implantation de l'une ou l'autre banque, d'entreprises pour lesquelles il est impératif d'avoir l'internet haut débit.
La région, agricole et aquacole principalement, a besoin de créer de l'emploi pour éviter l'exode rural. La délinquance également...
Tout cet équipement, tous ces travaux ont blessé, blessent encore le décor somptueux du Sine et du Saloum.
Les fantomatiques et fantastiques tans aux paysages lunaires piqués de baobabs, semés de puits de sel, de marigots, d'îlots fragiles, de pistes incertaines sont en convalescence des maladresses de l'homme.
La nature reprendra ses droits avec le temps, malgré la fragilité de ces étendues attaquées par la désertification, la salinité, le vent. La mort des arbres.
Le béton pousse en brousse plus rapidement que le mil et le sorgo. L'anarchie est de mise, évidemment.
On peut tout faire si on a une bonne relation, un peu de moyens pour fermer les yeux, la bouche et les oreilles. Le fatalisme et l'inertie font le reste.

Entre fleuves et océan, entre forêts et champs, tans et mangroves, le Sine Saloum des Sérères s'éveille encore pourtant chaque matin que Roog fait.

(illustration Théodore Ngom)

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