RAMADAN

Quand on vit ici, au Sénégal, dans un pays à plus de quatre vingt dix pourcent Musulman, il faut tenter de connaître - voire comprendre - ce qu'est réellement le Ramadan.
Je ne m'étendrai pas sur la foi, sur les rites, sur le côté spirituel du jeûne. Mais, plutôt sur la réalité de consommation durant cette période. D'autant que cette année, un invité dans les bols et les gamelles, Covid19 !
Je n'essaie pas, non plus, de vous édifier sur ceux qui ont "les moyens". Les riches, les multimillionnaires, les milliardaires souvent étranges qui commandent le ndogou au King Fahd, chez les traiteurs réputés de la place.
Plutôt, des gens de brousse, ici, dans les villages. Eux, je les connais un peu.
Sans le subir ni l'offrir à dieu, je "sais" leur jeûne, leurs souffrances. Ce manque d'eau, de nourriture entre cinq heures du matin et la coupure de dix neuf heures trente.
Hier, sous la paillote du vieux lézard, le thermomètre affichait quarante cinq degrés à seize heures...

Avec les moyens du bord de porte-monnaie, on tente de s'approvisionner. Du pain, du sucre, quelques dattes, du riz, du mil, de l'huile. On cherche un légume, un poisson. Rarement un poulet, de la viande. Torop cher dèh !
Pas d'électricité, pas de frigo. Donc, on s'en vient deux fois par jour à la bitik. Le "restez chez vous" est un vœu pieu et un peu stupide. Voire ridicule et scandaleux quand il est lancé depuis la Toubabie où les gens dévalisent quotidiennement les supermarchés, les fast food et leur bar...

Dans la concession de mes voisines, une Maman et ses quatre filles, un frère et une dizaine de petits. Pas d'électricité sinon celle du vieux lézard. Un tiroir du congélateur leur est aussi réservé.
Quelle émotion de leur offrir ce si simple modeste minimum !

Gardez vos commentaires si vous n'avez pas compris le coeur et les tripes.

Aquarelle Mary Whyte