BOUILLIR SANS EAU

Tout qui connaît un tant soit peu le Sénégal sait qu'octobre est le mois le plus chaud de l'année.
Chaud étant un euphémisme...
L'hivernage, les pluies s'en sont allées. Elles furent tant abondantes cette année ! Elles nous laissent en mémoire cette générosité en nous fatiguant d'une humidité pesante, lourde, écrasante; permanente.
Associée à des températures oscillant entre 30 et 40 degrés à l'ombre, vous comprendrez qu'aux champs, le labeur est douloureux, même si les récoltes sont somptueuses.
Le mil est coupé, fagoté. l'arachide arrachée, camembérisée. Le sorgo murit encore quelques jours.
Sur le goudron, sur les pistes, les charrettes débordent de récoltes. L'herbe est coupée pour le fourrage des prochains mois. Tenir, faire la soudure jusqu'en juillet/août prochain...
Les marigots changent de couleur, le bétail y boit encore, les enfants délaissent doucement. Trop de dangers désormais. Les nénuphars observent...

Le vieux lézard observe également... son robinet.
L'an dernier, nous avions eu de l'eau dans les canalisations jusqu'à fin décembre. En 2020, année fécale, la société des eaux a coupé le jus ce 26 octobre en nous promettant, comme d'habitude, qu'à fin mars 2021, nous devrions retrouver une distribution dite "normale" suite à plusieurs milliards investis engloutis dans des travaux de "réajustement" du réseau...
Enfoirés !

illustration Francis Gaugain