C'EST FATIGUÉ

Au village, Lazare donne un peu de travail à un voisin. Bonhomme est électricien de métier; par apprentissage depuis l'enfance...
Ici, au pays de la capricieuse Sénélec, cette profession devrait non seulement nourrir son homme, mais également sa famille. Même si celle-ci est boumak et élastique.
Mais, on est en brousse ! La moitié du village n'a pas l'électricité; trop cher !
Bref, Moussa bricole pour "gagner un peu".
Agriculteur journalier, vendeur d'eau, principalement.
C'est ainsi que tous les deux jours, mon puisatier-puiseur s'en vient avec sa charrette et son âne m'apporter de quoi abreuver Mbin Diakar.
Du moins, quand tout va bien...

- Ah là, l'âne n'est pas rentré, il est en voyage. Je viendrai demain, inch Allah.
- Oh, là, la charrette a besoin d'une soudure, d'un pneu. Demain !
- La chaîne de mon vélo est cassée, les freins manquent. Tu as deux mille ?
- J'ai pas su te répondre, la batterie de mon téléphone est fatiguée.

Il arrive donc au vieux lézard de "sauter" une douche, une vaisselle, un arrosage.
Kirène, Mana, la casamançaise sauvent souvent la mise. Mais, c'est torop cher dèh !

Dans deux mois, Monsieur le ministre de l'eau devrait ouvrir les vannes pour les cent soixante dix mille habitants d'une région aux eaux salées abondantes mais aride dans les tuyaux.

Dommage, Moussa n'est pas plombier !

illustration Bénédicte Némo