LES FLEURS DU MAL

Puisque c'était dans la tradition, je l'ai fait, aussi.
Un peu religieux, un peu mercantile.
Offrir des fleurs.
C'est doux, c'est tendre, c'est romantique, voire douloureux.
Alors, on coupe des fleurs des champs pour Maman; on achète des bouquets pour le plaisir d'une tendresse.
Une gerbe pour la mort.
C'est puéril et périssable.
Certains peuples anciens, au temps des pharaons, des Sérères d'antan, entre autres, enterraient leur "chef" en lui offrant, dans sa sépulture, de quoi boire et manger, mais aussi femmes, servantes, domestiques qui périssaient, emmurés, ensevelis vivants...
L'humain est devenu frileux et offre désormais des fleurs. Coupées, arrachées.
Tuer encore. Ce n'est pas un hommage, c'est un massacre lucratif !

Consommez des fleurs !

Au jardin de Mbin Diakar, seules les petites filles chrétiennes s'en viennent une fois l'an, à l'ascension pour demander à confectionner quelques bouquets, pour garnir la petite église du village.
Le lézard supervise l'opération chirurgicale...

- Pourquoi tu as beaucoup de fleurs Lazare ?
- Parce que c'est beau, que je les aime.
- Nous, on n'a pas ça; on n'a pas d'eau non plus !
- Comme vous, je n'ai pas d'eau; alors, j'explique aux fleurs que je les affectionne et qu'elles doivent être raisonnables.
- Tu parles aux fleurs ?
- Vous, vous parlez à la sainte vierge.
- Ah oui !

Je vous laisse sur ce dialogue et les réflexions que vous pouvez en tirer...
Et puis, laissez les vivre; foutez la paix aux fleurs !

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