RÉFUGIÉ CLIMATIQUE

Ne croyez pas que je prenne à la légère ce qui sera, inéluctablement, l'une des plus grandes catastrophes de l'humanité.
Les projections scientifiques présentent une progression qui va de 260 millions de réfugiés climatiques en 2030, jusqu’à 1,2 milliards en 2050...

Je ne commettrai pas l'injure de comparer ma petite personne avec ces peuples en exil. Sinon que le lézard ne supporte plus sentir le froid s'immiscer entre ses écailles. La frilosité ne faisant qu'augmenter avec les ans.
Le reptile vit au Sénégal depuis plus de 23 ans. Pour les gens, les atmosphères, les oiseaux, l'eau et mille cadeaux de la nature humaine et environnementale.
Si le Margouillat trie son relationnel, il prend tout ce que ce pays offre à qui sait l'apprivoiser.
Et, donc, le climat; le soleil, les vents d'Harmattan comme les caresses de l'aube, les flamboyances de l'angélus. La rosée de l'aurore sur l'herbe brûlée, la dépigmentation des terres par le sel, le rouge de la latérite, la survivance des arbres, entre autres.

Le squamate du Saloum préfère l'inconfort riche de vie aux commodités tristes et glaciales du pays où il est né voici bien longtemps.
Un choix de vie. Même si, parfois, les miens me manquent tout comme le printemps des jonquilles et des mésanges charbonnières.

Je vous laisse; je retourne me chauffer l'âme et la carcasse aux braseros de l'Afrique de l'Ouest.

illustration Sayo Camara