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La Lorgnette du Margouillat

VOUS AVEZ DIT ECOLOGIE?

VOUS AVEZ DIT ECOLOGIE?

"Un jour, la terre se vengera mais il n'y aura plus d'homme pour le voir"
Ainsi parle Dominique, agriculteur sur une île du Saloum, papa de quatre enfants qui participent, en famille, à chaque saison, au reboisement de palétuviers...
La philosophie de brousse, au delà des dieux, faite d'animisme, de réflexion, de sciences inconscientes me trouble, m'attire irrésistiblement.
Les prises de conscience, partout sur la planète, hurlent au casse-pipe final. Sinon qu'ici, au Sénégal, le paradoxe entre destruction et sauvegarde de la nature interpelle plus que partout ailleurs.
Sans doute parce-que cette nature est exceptionnelle belle et terriblement fragile. Encrassée à l'inimaginable, détruite par cupidité ou jemenfoutisme et inlassablement reconstruite par des mains d'enfants, de femmes et de quelques hommes.
Assister à la plantation de graines de palétuviers, à la renaissance d'une mangrove reste l'une des plus émouvante expérience de mes visites dans le Saloum.
La mangrove, ici, au Sénégal, est aussi vitale pour l'homme, l'oiseau et le poisson que la forêt Amazonienne ne l'est pour la planète Terre!
La pollution de ce pays augmente plus rapidement que la fonte des glaces de l’Arctique!
Le littoral, les îles de cette région du globe subissent l'élévation du niveau des océans plus que partout ailleurs!
Ces 6 dernières années, à elle seule, la Casamance a été pillée de plus d'un million d'arbres!
Le Sénégal compte parmi ses habitants l'un des plus célèbre écologiste au monde; le ministre Haïdar El Ali que des lobbyings politico-financiers ont fait sauter!
Le père jette son gobelet en plastique au sol dès qu'il a bu son café. La mère vide les ordures par la fenêtre, directement sur la piste. Les grands parents font de même. Les cousins, les oncles, les tantes, les voisins.
A l'école, certains instituteurs tentent de conscientiser les enfants à l'écologie, à la sauvegarde de la nature, à ne plus polluer. J'ai vu de mes yeux vus des instituteurs sortir d'une école en jetant épluchures d'orange, noyau de mangue, gobelet, cannette, cigarette devant les mômes à qui, quelques instants auparavant ils enseignaient...
Ces mêmes gosses qui participent à des campagnes de reboisement et qu'on envoie à la corvée bois pour faire chauffer le repas du soir...
Le si fier emblème mythique du Sénégal, parfois millénaire: le baobab...que l'on massacre parce-que l'urbanisation, l'accès à la propriété ou des "intérêts" publics/privés réclament sa destruction.
Ce poisson qui disparait dans le ventre d'usines de pêche industrielle ne laissant aux populations que des pirogues à moitié vides...
Cette pollution mortelle pour les nappes phréatiques qui englue, empoisonne à petit feu des régions entières parce qu'on ferme les yeux sur cet assassinat; sur ces investisseurs industriels sans foi ni loi, protégés par des corruptions immondes!
Les terribles paradoxes d'un pays, d'un peuple si fier de sa terre, de son appartenance...
La mondialisation commerciale et industrielle envoie 102.698.343 tonnes de plastique, chaque année au Sénégal. Déchets: 193 000 tonnes! Recyclage: 80 000 tonnes seulement!
70.000 tonnes de plastique sont "dans la nature"!
Dominique me murmura un soir, devant le feu du repas: "Tu sais mon ami, dans ce pays, la pollution est encore plus grand danger que tout fanatisme religieux"..


(Illustration Laureanne)

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