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La Lorgnette du Margouillat

QUAND LE DERNIER OISEAU SERA MORT

QUAND LE DERNIER OISEAU SERA MORT

Le Margouillat écrit souvent son plaisir de vivre, ici au Sénégal, au milieu d'une fantastique volière à ciel ouvert.
Quand j'étais gosse - il n'y a finalement pas si longtemps que ça - je vivais dans la campagne toubabienne.
Mes parents avaient un joli petit jardin ou se divertissait une nuée d'oiseaux.
Rouge gorges, moineaux, mésanges, tourterelles, corbeaux, merles, étourneaux, roitelets, verdiers, serins, tarins, pinsons, passereaux, chardonnerets, bouvreuils, fauvettes, grives, sittelles, geais, chouettes, hiboux...
A moins de cent pas d'enfant, un grand champs dorait ses blés chaque été que dieu faisait, en alternance avec la culture de pommes de terre.
Pas d'engrais chimique, pas de pesticide. Des oiseaux gourmands, des coquelicots, des bleuets embellissaient encore cet immense champ de mon enfance.
Quand Rémy récoltait, avec mes copains en culottes courtes, nous allions l'aider.
Nous avions droit à monter sur le tracteur et, le soir, on rentrait à la maison avec un petit sac de blé ou un kilo de patates.
Mes premiers salaires que je ramenais fièrement à ma Maman avant de plonger dans la baignoire.
Pour aller à l'école, à pied évidemment, je faisais deux kilomètres par un petit chemin serpentant à travers champs et vergers. Là encore, je retrouvais mille oiseaux. Combien de fois nous est-il arrivé avec mes galopins de nous écorcher aux fils barbelés pour aller à maraude dans le verger de Marie!?!
Les oiseaux et moi, on aimait tellement les prunes, les reine-Claude, les poires et les pommes!

Je viens de lire un article scientifique: en trente ans, l'Europe a perdu - envie d'écrire sacrifié, massacré - quatre cent millions d'oiseaux d'espèces communes.

Et vous vous demandez encore pourquoi je vis au Sénégal!?!
Un jour viendra où ce pays utilisera ces merdes qui accroissent la rentabilité.
Quand je regarde le petit Aziz, mon boundao voisin, j'ai envie de lui expliquer, de profiter, d’emmagasiner la richesse du village, ses champs, des forêts. Quand il sera gorgui lui aussi, il se souviendra alors qu'il y avait tant d'oiseaux dans son pays...

(illustrateur inconnu)

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