AU BORD DE L'EAU

Gabin chantait...
"Quand on s'promène au bord de l'eau,
Comm' tout est beau..."
Dieu comme l'esprit est tortueux! Quel déclic dans les méandres du cerveau, quel archivage phénoménal entre les deux oreilles!
Hier matin, la chaleur d'octobre, lourde, humide, écrase les cocotiers, fond les bougainvilliers, liquéfie les filaos, écrabouille les orgueils de Chine, piétine les frangipaniers, exécute les hibiscus...
Moi-même, je ne me sens pas bien!
Je décide donc d'une balade au bord de l'océan, les pieds dans l'eau, la tête au zéphyr!
La mer est bleue, le ciel est bleu, les pirogues aussi! Du moins, les deux restées à l'ancre entre rochers et rivage.
Sous la toile "pare-soleil" bricolée avec une bâche de camion TNT, deux paires de jambes pendent par dessus le bastingage.
Les frères Sow dorment enfin. La nuit de pêche a été rude.
La seconde est squattée par quelques cormorans repus, las, le corps mort...
Le varech a envahi la plage, abandonné par la marée.
Le sable compte ses grains à défaut de faire l'inventaire de touristes...
Quelques gosses traînent des bidons d'eau noués au goulot d'une ficelle de fortune.
Un gazou-monsieur-muscle court en marche-arrière. Les jambes, c'est aussi important que les tablettes de chocolat!
Ibou, le jardinier de Madame Machin s'endort sur le manche de son râteau. Il fait vraiment trop chaud!
Sur les rochers, quelques pélicans gris dorment d'un œil. De l'autre, ils admirent leurs fientes qui blanchissent l’ilot affleurant...
C'est à ce moment là que la ritournelle de Jean Gabin est arrivée!

(Aquarelle Maryh K)