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La Lorgnette du Margouillat

MASSACRE!

MASSACRE!

« Sans cesse le progrès, roue au double engrenage, fait marcher quelque chose en écrasant quelqu'un »
Mais, on n'arrête pas le progrès et on massacre!
En traversant hier la forêt de rôniers, entre Samba Dia et Fimela, des larmes de tristesse, de colère et cette citation de Victor Hugo montèrent du fin fond des mes émotions, de mes souvenirs.
Le Sine et le Saloum appelaient tant au désenclavement, au progrès, à l'accès qu'il était légitime d'offrir à cette région les outils, les facilitateurs que sont les routes. Liens commerciaux, culturels et sociaux, entre autres.
Pour une région si riche en maraichage, en sel et en ressources halieutiques, le transport sur pistes défoncées, noyées, ondulées, cassantes demeurait un frein, un handicap à dépasser.
Le tourisme, paradoxalement, réclamait également un accès rapide, confortable vers l'une des région les plus belle du Sénégal. Quitte à y laisser quelques plumes de beauté, d'authenticité...
Le goudron est désormais quasi totalement coulé entre Joal et Samba Dia et entre Samba Dia et Djifer.
Ces deux rubans d'asphalte ont été rehaussés afin d'éviter les montées d'eau de marées, de pluies, d'inondations.
Rares sont hélas les pentes d'accès permettant aux villageois de traverser, d'emprunter la route en charrette. Il n'y a, d'autre part, aucun dégagement en cas d'arrêt d'urgence. Encore aucune trace de ralentisseurs à l'approche des hameaux. C'est extrêmement dangereux, évidemment!
Si la société qui a construit ces route semble, de prime abord, avoir correctement travaillé à la réalisation d'un axe solide et durable, il n'est pas certain qu'elle soit dans l'obligation de remettre la nature en bel état, les bas côtés réaménagés, la pollution engendrée dégagée.
De part et d'autre du goudron, c'est un désastre écologique, une cicatrice immonde!
Les terres, les cultures, les tans sont balafrés. La plaie purulente risque de mettre des années,voire des décennies à cicatriser.
Le pire est en route:
Combien de fois n'ai-je vanté la beauté de ce qui était à mes yeux, la plus belle piste du Sénégal!?! Combien de photos n'ont pas été prises de ces quelques kilomètres superbes ou la nature, l'homme et l'animal se mariaient pour le beau et le meilleur!?!
La latérite serpentant entre Samba Dia et Fimela à travers la forêt de rôniers de Yayème.
Pour boucler la boucle, on savait que cette drève merveilleuse était inexorablement vouée à être goudronnée. Mais, fallait-il la massacrer ainsi!?!
Suffisamment large, elle pouvait accueillir l'asphalte sans rogner sur la forêt. C'était sans compter sur le dédain des Caterpillar et des hommes...
La traversée d'hier m'a donné la nausée! Et dire que cette forêt est classée! Que les rôniers sont protégés!
Que des gardes forestiers sont censés surveiller tout déracinement, tout vol, toute dégradation!
Je vais arrêter ici de vomir mon dégoût. Je vous convie simplement à découvrir quelques clichés (à voir sur le Facebook "senegal") qui donnent mal au cœur et qui, pourtant, ne reflètent pas suffisamment encore la réalité de ce massacre sans tronçonneuse.


(Aquarelle Colette Hilaire Henin)

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