AU MARCHE

Expérience étonnante hier.
J'aime aller flâner du côté de Nguéniène certains mercredi.
En août dernier, je me suis retrouvé au célèbre marché de brousse, quasi seul toubab sur les quelques kilomètres d'allées anarchiques, de labyrinthe typiquement typiques.
Entre poules, pneus, tomates, écrous, harnais, charrues, pains, vêtements, épices, pastèques, téléphones, onguents érotiques, moutons, savons...et quelques dizaines de milliers d'autres articles les plus variés, hétéroclites, basiques.
Si j'avais du talent, je vous écrirais les couleurs, les odeurs, les visages. Les musiques, les harangues des portes-voix.
Je vous décrirais les boubous, les coiffes, les plateaux de fruits. Les étals de poisson. L'odeur des beignets sucrès qui grésillent dans l'huile.
La tête du cheval fourbu plongé dans sa mangeoire à mâcher des rêves d'un monde sans bâton, sans charrette...
En août donc, j'ai pu me balader quelques heures dans ce dédale étonnant. Sourire, palabrer, rire, acheter et...photographier sans aucune retenue mais toujours ostensiblement, avec un temps d'attente, un acquiescement, voire même une invitation à prendre la pose.
Bilan de ma carte mémoire: près de cent cinquante photos savoureuses, complices.
Hier, avec le retour de la haute saison touristique, des vacances d'automne, il y avait du toubab sous les tentes, entre les cordes, les étals, les carrioles...
Des français, des belges, des allemands. Entre-autres. Chaque armée en régiment dispersé, perdu, noyé ou en rang serré, de peur d'être englouti par l'Afrique marchande.
Résultat: amoul photos! Deedeet! Verboten!
Comme le disait la caissière d'un supermarché à un ami, on n'est plus entre-nous...
Nous, les enracinés à l'année, les pas touristes, les pas résidents temporaires. Les intégrés du décor.
Y'a pas photo! J'aime l'hivernage...

(Aquarelle Jacqueline Pelon)