LAISSONS ENTRER LE SOLEIL

"Let The Sun Shine!"
"Je sens comme une vague de froid qui traverse mes cheveux
Et tu sais quoi?
Je m'en moque
Le temps m'a forgé
Tout ça s'est effacé avec le vent
Tout ça car le soleil s'est remis à briller"
Cette chanson extraite de "Hair" trotte dans ma tête depuis ce matin. "Laissons entrer le soleil" chevrotait Julien Clerc dans la version francophone de cette comédie musicale. Je valide!
Enfin! Quoi-que...
Pas certain que ce soit le même soleil qu'au Sénégal.
Pâle copie! Ersatz, fac-similé, imitation, contrefaçon, plagiat, imposture!
Le "mien", il brille, il chauffe, il sèche les plumes du cormoran, brûle l'herbe à chameaux, se mire dans l'océan, scintille dans les bolongs, fait briller le petit nez de Fatou.
Le matin, il promène le phacochère, éveille le balbuzard, sort du trou le crabe violoniste, chatouille les oreilles de l’écureuil. Il étire le patas, rendort Mamadou...
Il chauffe si vite, si fort, qu'il fait se pendre la chauve-souris, cagoule le taguer-rappeur, éclot l'orgueil de Chine, chapeaute de paille la jolie Amina.
En wolof, soleil se dit "jant", je crois. D'où, sans doute, les expressions "rouler sur la jant", "je déjant", jant Demoiselle"...
Le merveilleux Pierre Desproges disait "La nostalgie, c'est comme les coups de soleil, ça fait pas mal pendant, ça fait mal le soir"...
J'ai la nostalgie des couchers de soleil sur la mer, entre deux pirogues, derrière quelques pélicans nonchalants, entre les palmes du cocotier. Il me manque à l'heure du Maghrib, la prière du soir, quand les chèvres rentrent dans les cours de concessions.
Je ferme les yeux. J'imagine déjà nos retrouvailles à Yoff, d'ici quelques jours.
En attendant, je m'en vais écouter Ray Charles...
"The sun died", you know?

(aquarelle Jean Michel Folon)