Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Lorgnette du Margouillat

PETITE MARIE

PETITE MARIE

Marie, comme chaque mardi, s'en vient faire le ménage chez le Margouillat.
Je l'aime bien petite Marie! Elle est discrète, courageuse, peu bavarde. Du moins, avec moi. Manier le français est plus fatiguant que le Sérère, j'en conviens aisément!
Comme le vieux lézard n'est pas du genre volubile, c'est parfait!
Marie vaque à ses occupations, votre serviteur tape sur son clavier.
L'heure est au nettoyage des vitres.
Madar citron, papier journal "le soleil" du 23 septembre 2016, pages des sports et huile de cude.

Il me revient une anecdote!
Une connaissance excédée du manque d'entrain, explique à sa bonne que lorsqu'on frotte, pour nettoyer, il faut y mettre de l'huile de coude.
- Ah oui Madame! Y'a pas ça ici, au Sénégal! Tu en rapportes quand tu vas en France?

Revenons à Marie, si vous le voulez bien.
Je délaisse mon ordinateur pour aller dans le jardin de Mbin Diakar. Il fait évidemment grand soleil; la volière à ciel ouvert est en ébulition. L'eau est fraiche, le mil et l'arachide attirent mille oiseaux. La charrette de Mansour passe. On se salue.
Marie fait coulisser le chassis pour nettoyer la vitre extérieure de la porte-fenêtre.
- Je sais plus ouvrir! Comment ça marche?
Bien évidemment, Marie ne sait pas! Marie ne connait pas la "haute technologie" d'un chassis, la fermeture automatique d'une porte coulissante quand on la rabat sur son montant.
Marie, elle habite ue case en blocs de béton. L'ouvrant, c'est une porte en bois, un crochet, une tenture pour la lumière, la poussière et les moustiques.
Amoul serrure! Encore moins automatique, sécurisée.
Stupide Margouillat qui s'est offert, en brousse, des portes fenêtres en aluminium italo-chinoises. Quel con!
J'explique doucement, calmement à Marie que nous sommes enfermés dehors!
- Je devine qu'elle va pleurer, qu'elle a peur de la colère du toubab. Il faut que je vous précise: Elle ne me connait pas encore trop bien. C'est la troisième fois qu'elle vient à la maison.
Je la rassure, je la console.
- Tu vas faire quoi?
- T'inquiète! Tu rentres chez toi, je me débrouille! Si tu me vois arriver ce soir, pour dormir, c'est que je n'ai pas encore réussi à rentrer chez moi.
Marie sourit et s'en retourné, un peu penaude.
Dois-je vous préciser que ce fut galère?
Téléphone, clés de Vieille Anglaise, portefeuille me narguent à travers la vitre.
Dénicher un taxi-jakarta qui fait crédit, trouver mon aluminier au village voisin, lui demander de jouer les Arsène Lupin, remplacer la serrure alors qu'il n'en a pas de stock.
"Ca manque" est une expression commune, connue et fréquente à raison de trois cent jours par an, ici, au Sénégal, pour signifier qu'il n'y en a plus en magasin...
"Je me débrouille" est également, et heureusement, une expression courante et courue dans ce merveilleux pays. Les sénégalais sont incontestablement, irrémédiableent les champions du monde dans ce domaine.
L'après-midi, je rentrais chez moi, ma porte réparée... Réparée également une panne inopinée de mon Def que l'aluminier solutionna en quelques minutes.
Il ne se passe pas un seul jour sans qu'un soucis ne survienne. Ce pays est magique!

(aquarelle Leah Chy)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
I
..m'baldo ko; bon, faut faire quelque chose là. toubab nanim serere, faré lol!!!