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La Lorgnette du Margouillat

AMOUL TOUBAB

AMOUL TOUBAB

Ce que l'on nomme ici "haute saison" en matière de tourisme est, cette année, à marquer d'une pierre blanche, voire toubab!
Malgré la cherté de la destination, le Sénégal a enregistré une très nette hausse de fréquentation.
Mais, depuis une quinzaine de jours, les toubabs ont disparu!
L'approche de l'hivernage, le Ramadan ont fait fuir les touristes et les résidents.
Le beau temps qui revient enfin en Toubabie incite également à rentrer au pays, convenons-en.
Quelques réceptifs ont déjà mis la clé sous le paillasson jusqu'en octobre. Certains seront ouvert en juillet-août, en espérant des juillettistes et des aoûtiens téméraires...
Les lieux de bouche, les bitiks s'adaptent au Ramadan. Aux horaires particuliers qu'engendrent ces trente jours de carême Musulman.
Les restaurants "toubab" sont, pour la plupart, ouverts mais encaissent une baisse de fréquentation vertigineuse. Les bars également.
Ici, au village, en brousse, on ne ressent pas la migration des blancs. Il y en a déjà si peu qui s'y aventurent durant leur séjour! Hormis quelque lieu touristique, quelque marché de brousse maqué par les TO et les guides...
On s'adapte au Ramadan. Pas de pain le matin à la bitik. On mange la nuit, entre ndogou et suhur, entre crépuscule et aurore. A l'abri du regard sévère du soleil...
La majorité des Sérères sont catholiques mais, tout le monde "fait avec", écoute le muezzin, respecte les horaires très précis, chaque jour différent, des coupures de jeûne.
Se sustente sans ostentation...
Le sénégalais vit alors principalement la nuit. Manger, prier, palabrer, regarder la télévision, surfer sur le web en attendant les ablutions, les prières et le petit déjeuner de fin de nuit.
Il est d'ailleurs étonnant, pour qui vit la nuit comme le vieux lézard, de constater le flux sur Facebook durant les nuits de Ramadan...
Alors, évidemment, les journées sont longues, difficiles, harassantes même. D'autant qu'on attend la pluie, qu'il faut préparer la terre à recevoir ce don divin, ces ondées qui lèveront le mil, le sorgo, le bissap.
Fort heureusement, depuis quelques jours, il fait étonnement frais. Le soleil ne darde pas ses rayons au delà de 25 degrés le jour. Dame lune fait chuter le thermomètre sous les 17 degrés la nuit. Rare en cette saison!
Sinon que la nature frémit. Elle sait que l'eau va arriver. Elle se fait son "printemps" à sec. Juste avec le peu d'humidité, la timide rosée du matin.
La faune aussi se secoue les puces. De nouveaux oiseaux, d'autres qui s'en vont ailleurs. De nouveaux terriers, des amorces de termitières, des prémices de nids.
A apprendre par l'observation, on comprend mieux les captations des gorguis, des vieux sages qui savent encore palabrer avec les arbres, les buissons, les herbes. Qui comprennent encore les messages de cette brave vieille planète sous le joug de l'homme.

(illustration Cacki)

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