OUSMANE

En Toubabie, quand tu meurs, en général, on sait de quoi, pourquoi, de quelle maladie.
Même si ça nous fait une belle jambe.
Il y a presque toujours un toubib qui diagnostique une saloperie.
- Monsieur Machin, je vous dois la vérité, si vous êtes prêt à l'entendre, évidemment! Vous avez une leucoencéphalopathie multifocale progressive assortie d'un cancer du coude droit avec métastases d'adénocarcinomes.
C'est rare, c'est grave mais, la médecine fait des miracles de nos jours. Nous allons nous battre Monsieur Machin! N'est-ce pas!?!
Là, Monsieur Machin entre en thérapie, en séances de chimio, en soins palliatifs et décède ou se retrouve en rémission...
Il a souffert l'enfer, il a vidé son compte en banque, ruiné le moral de ses proches ou, un miracle s'est produit.
Convenons-en, c'est rare les miracles de nos jours...
Mais, on sait pourquoi on se retrouve passé de vie à trépas.
Au Sénégal, il est extrêmement rare qu'on sache pourquoi on est cadavéré.
Ormis quelques rares hôpitaux s'approchant de "normes" correctes et acceptables, s'éloignant des neuf dixièmes de la population par manque de moyens financiers, le sénégalais lambda ne consulte qu'un pauvre et désuet centre de santé, un praticien traditionnel, voire un sorcier-marabout-rebouteux...
On prie, on fait des offrandes, on prend de l'aspirine et on attend de voir si ça passe ou si ça casse.
Si on guérit, c'est grâce à dieu. Si on meurt, c'est dieu qui l'a voulu!
On ne se pose pas de question, on ne demande évidemment pas une autopsie, on pleure, on enterre, on dit "que la terre soit douce et légère, amine!"

Hier, sans crier gare, sans savoir pourquoi, nous avons perdu un ami, un frère, un copain, un pote. Un musicien plein de sourire, de dreadlocks et de talent.
Salut Ousmane.