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La Lorgnette du Margouillat

TROIS P'TITS SINGES

TROIS P'TITS SINGES

Ce quadriptyque de "tribulations au tribunal" a valu du courrier que la Lorgnette s'est empressée de lire, voire même d'y répondre.
Je constate qu'il en est ici comme dans un jury. Chacun a son avis, son sentiment, son ressenti, sa sentence.
L'ingratitude du métier de juge... Que ce doit être complexe! Il faut une sacrée sagesse pour trier les états d'âme des autres et se faire une opinion en sa propre âme et conscience.

Parmi le courrier, un message privé d'un sénégalais. Un Niominka...expéditif.

Le vieux lézard connait assez bien cette ethnie. Ces insulaires. Leur territoire est le Gandoul. La plupart d'entre eux vivent dans onze grands villages, parmi lesquels Niodior, Dionewar ou Falia.
Ils représentent un peu moins de 1% de la population du pays. Mais quelle ethnie!

L'amitié est ancienne. Elle trouve sa genèse dans la relation qui se noue entre le Margouillat et un étudiant de Dakar, natif de l'île de Dionewar. Malheureusement, ce brillant et adorable ami décède subitement voici trois ans.
Je garde le contact sporadique avec ses amis, ses frères, quelques membres de la communauté. J'aime ces îles particulières, différentes. Puis, Niodior est le berceau de Fatou Diome. Un écrivain, une femme que j'admire énormément.
Il existe un poste de police, un autre de gendarmerie dans ces îles. Sauf que jusqu'il y a peu, on ne faisait pas appel aux forces de l'ordre. La justice populaire était immédiate, expéditive, définitive. Il se murmure d'ailleurs que, le cas échéant, on y recourt encore aujourd'hui...
Les lois sont écrites à Dakar mais l'éducation des Niominka est rigoureuse, sévère, fière! Autonome dans sa justice.
Tu voles un fruit à un arbre de la communauté, tu paies une amende! Une par fruit maraudé. Ce n'est qu'un exemple...
Le sort d'un boumak bandit, d'un gros voleur, d'un violeur appartenant à la communauté - ou pas - se retrouve une nuit dans une pirogue et s'en va, ligoté, lesté, nourrir poissons et crustacés entre fleuve et océan...
Ni vu ni connu! Juste disparu!

Dans la plupart des villages de brousse, les anciens, les chef de village perdent peu à peu leur aura. Leur grande sagesse s'étiole. On fait appel à la gendarmerie. Mais, le plus souvent, on règle ses comptes entre-soi. On se venge, on bastonne, on paie, on s'arrange... Ou, on se tait. Par peur, par fierté, par pression, par fatalisme. Entre autres...

On apprend par bribes en vivant en brousse. Chaque jour, chaque nuit même. C'est complexe.
Souvent, dans les arbres, les cocotiers, à la tombée de la nuit ou à la pointe de l'aube, on croit apercevoir trois petits singes malicieux. "Rien vu, rien entendu, rien dit"...

(illustrateur inconnu)

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