AUPRÈS DE MON ARBRE

On les croit éternels parce que l'humain ne vit pas vieux.
Pourtant, en dehors des massacres imbéciles et mercantiles, ils meurent un jour.
Après avoir offert leurs bienfaits, leurs fruits, leurs fleurs, leurs feuilles, leur écorce, leur ombre durant tant d'années souvent.
Les arbres.
Près de dix milles ans; un "sapin de Noël" dans le Nord de la Suède. Quatre vingt mille à deux cent mille ans; une colonie de Posidonies aux Baléares. Des Pandos; quatre-vingt mille ans, dans l'Utah, aux États-Unis. Un cèdre du Japon; sept mille ans. Un Pin de cinq mille ans, en Amérique du Nord. Un Cyprès de quatre mille ans en Iran...
Le célèbre baobab "sacré" de Fadial, ici au Sénégal, ne serait âgé que d'un peu plus de neuf cent ans.
Un gamin de vingt six mètres de diamètre, ceinturé d'antiquaires...

Et puis, le jardin de Mbin Diakar.
Une centaine d'années, au pif !
C'est la jeunesse estimée de ce petit coin de brousse où trône un baobab centenaire donc.
Un plus jeune aussi, un gosse, un boundao. Puis, quelques palmiers rôniers, quelques cocotiers. Les autres végétaux sortent à peine de couveuse; sept à dix ans, seulement. Plantés par l'homme.

Si quelques gorguis du village sont d'accord de dater l'âge du baobab, il est un autre signe qui, hélas ne trompe pas.
Le vieux lézard a perdu trois cocotiers récemment. Nulle maladie, nul outrage. Simplement, les cocotiers fêtent rarement leur centenaire. Cent ans est la moyenne d'âge maximum des Palmiers Arecaceaes.
Pour les pointus d'arboristerie, d’herboristerie et de botanique, le Margouillat n'a, en fait, pas de vieil arbre au jardin, puisque le cocotier est une plante monocotylédone et que la légende est tenace concernant le baobab qui serait en fait une herbe...

Au vu de la gueule du gazon, laissez-moi vivre encore un peu au pied de mon arbre, s'il vous plait !

aquarelliste inconnu