BOIS DE JESUS

Lazare n'a jamais eu aucune prétention; encore moins d'être plus catholique que le pape.
Déjà que les intermédiaires avec l'Absent Invisible Supposé m'ont toujours laissé pour le moins dubitatif et circonspect...
Aucune gloriole donc à détenir un très bel objet, posé en équilibre précaire sur le balafon qui garnit le bureau-salon-salle-à-manger-observatoire-à-oiseaux du reptile.
Il s'agit d'un petit christ en bois arraché à sa croix à qui il manque un bras.
J'ai dû acheter cette sculpture "grossière" et réellement ancienne pour une "bouchée de pain".
Le prix d'un demi millier de tapalapas de brousse. Plus ou moins l'équivalent de soixante quinze euros. Sinon que cette acquisition date d'avant le nouveau millénaire, donc de ce fameux Euro horrible, horripilant et désolant.
De quoi nourrir la famille du gorgui saï saï gourmand qui me l'a vendu sous cape; de quoi être heureux de posséder ce modeste reliquat d'un calvaire démantibulé; sans doute d'origine Diola.
Vu l'état de l'acrobate vermoulu décrucifié, il n'a - pour le vieux lézard - plus aucune connotation religieuse sinon que l'objet est très beau à mes yeux.

Je pense souvent à ce que m'a dit un jour un collectionneur d'art premier.
"S'il n'y avait pas eu le mercantilisme des Africains, les vols ou les "transactions" honteuses des colons, les trésors de l'art de ce continent auraient disparu. Sans doute une certaine façon de se dédouaner.
C'est pourtant tout à fait vrai !

illustration photo aquarellisée