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La Lorgnette du Margouillat

Y'A PLUS D'SAISONS

Y'A PLUS D'SAISONS

Pour un môme né entre champs de patates et de blé, d'avoine et de maïs, vivre ici, au village, n'a pas bouleversé mes habitudes d'environnement rural et campagnard.
Seules différences, les productions, les outils, la terre et le climat.

Le labeur d'un fermier, d'un agriculteur, je connais !
Par contre, mil, sorgho, arachide, piment, bissap, gombo, manioc et autres, j'ai dû m'y faire, apprendre à appréhender un peu. Il en est de même pour les fruits dans les vergers. Mangues, agrumes, mads, corossols, Ditakh, goyaves, papayes, etc...
Hormis quelques rares tracteurs antédiluviens, ici, c'est charrue à bras, aidée par un âne, un cheval; la sueur du paysan, les mains des femmes, des enfants.
La terre que j'ai connue gosse est très semblable à celle de Casamance. Par contre, entre Sine et Saloum, c'est sablonneux, salé, poussiéreux.
Quant au climat, même si chaque bout du monde est dépendant de cet impondérable imprédictible; malmené et chamboulé par l'humain, il est, ici plus qu'ailleurs, soumis aux dieux...

Alors, cette année, on a dû moins prier, offrir moins de ferveur que l'an dernier.
La première pluie fut précoce - avant la mi-juin - et de bon augure. Puis, tout début juillet, deux beaux orages, deux bonnes pluies. "De celles qui comptent" !
Ajoutons, pour l'anecdote, deux "pipis de chat" dérisoires en trois semaines.

Nous sommes sept semaines en retard par rapport à la somptueuse année dernière...
La plupart des semis sont encore dans les sacs de jute. Une catastrophe !

Ce qu'on appelle ici "la soudure", les greniers, les réserves entre deux saisons, a fondu. Manger devient problématique pour l'homme et le bétail. Prendre le risque de semer et de constater la perte par manque ou trop d'eau rendrait la situation plus encore problématique.
Le bétail a faim, le frêle herbage vert se fane sous quarante degrés arides. Les transhumances laissent apparaître les côtes saillantes des troupeaux de zébus faméliques.
Il se peut que "demain" le ciel nous inonde durant six à sept semaines. Il sera tard et dangereux pour les semis mais les bêtes pourront se nourrir sans la coupe des eucalyptus et autres neems pour sauver les cheptels.

Le Sahel avance, la déforestation, l'industrialisation, la confiscation des terres au profit de l'immobilier, la montée des océans... Tout contribue à une éradication lente mais calamiteuse de notre vie sur cette planète... qui ne sera jamais "la terre des hommes"

illustration "Antoine"

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