RÊVEUR DE LUNE

"Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette Américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau"
(Léo Ferré "Le chien")

Où est passée la poésie? Où se cachent les rêveurs?
Hier, Lazare admire une photographie splendide postée sur une page web dédiée au Sénégal. Un coucher de soleil extraordinaire! Comme seul ce pays en offre en cette période de fin d'hivernage. Une carte postale fantastique de couleurs sur un océan complice.
Dans les commentaires:
- Le soleil ne se couche pas, c'est la terre qui bouge par rapport au soleil!
- C'est vrai! C'est scientifique!
Etc, etc... Pauvres regards! Tristes sires!

Le vieux lézard ne porte pas de lunettes d'homme, d'adulte, de scientifique "de mes deux"! S'il dispose d'une Lorgnette virtuelle, c'est pour s'éloigner des terre à terre, se rapprocher des poètes. L'alternative du bon bout me convient à merveille!

Quand le Margouillat regarde Dame Lune, il aime y saluer Pierrot, deviner la mer de la Sérénité, celle de la Tranquillité, du Nectar...
Chuchoter aux étoiles, s'accrocher à l'une d'elle en l'appelant Maman, mon ami en allé, mon rêve d'espérance, d'utopie, ma course tranquille vers l'être aimé.

Je parle aux oiseaux, aux yeux d'Olof, je regarde le mer le cul dans le sable, les yeux fermés pour mieux entendre l'aigrette ardoisée, le vanneau éperonné, la sterne coquine, le clapotis djembé discret de l'eau sur le bois des pirogues. Pour mieux sentir les parfums indéfinissables des feuilles de palétuvier en décomposition, ces odeurs océanes enivrantes aux effluves de goémons.
- Ah oui! le sulfure de diméthyle!
- Va te faire foutre!

- Bonjour petit crabe violoniste! Nangadef?
- Trankil mec! Je fais mon trou, t'inquiète!

Cherchez pas à me soigner; je ne suis contagieux que pour les rêveurs.

(aquarelle Cécile Hudrisier)