"DE L'EAU! DE L'EAU!"

Entre les tans de Palmarin et Diofior, les fourrés d'acacias entre Mbissel et Djilor, les marigots de Fadial et Djillas, les baobabs de Sambou et Boubacar... ce sont plus de cent soixante dix mille âmes qui errent sans eau près de huit mois par an, depuis trois ans.

Hier, samedi, une énième marche "pour l'eau" était organisée. Toutes les populations, de chaque village, de chaque hameau étaient au courant de cette manifestation, pacifique, évidemment.
Tam-tam, réseaux sociaux, sms, radios, chefs de villages ont relayé l'évènement.

Sans aucunement se moquer des quelques dizaines - de jeunes principalement - présents à Ndangane Campement, il faut bien constater que le cortège était bien dérisoire, voire lamentable au vu de la population concernée et de la gravité de ce que la région subit.

Le scandale est connu. Quelques personnes croupissent dans les prisons du pays. Un ministre, des hauts fonctionnaires, des directeurs, des sous-fifres. Détournements de fonds publics, escroqueries, surfacturations, revente de matériel, non exécution de travaux... entre autres mafieuseries.

Au Nord du pays, à Guet-Dar, le quartier des pêcheurs de Saint Louis, les revendications des hommes de la mer viennent d'engendrer des violences, des blessés, de la destruction de biens publics. Ces émeutes ont fait grand bruit, la presse nationale, les radios, les télévisions ont rapporté les incidents.
Les revendications ont été entendues et apaisées par des promesses tenues quasi immédiatement.
Le vieux lézard est, sans doute, l'apôtre de la non violence. Mais, dans un pays où rien ne bouge, où personne ne défend ses droits, par peur, par fatalisme, pour d'obscures raisons familiales, religieuses, d'intérêts... le constat rend perplexe.
Quelques opposants se retrouvent en prison. De gros bonnets milliardaires obscurs aussi. Ces derniers sortent plus rapidement que les premiers...
C'est Sénégal ? Oui, malheureusement.

Dédicace dérisoire, donc inutile.
Illustration: Z.C. Burkina Faso