BALADE EN ERRANCE

"L'être humain est un déchet organique comme les autres !"

Et, comme rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, qu'il soit enterré, incinéré, dissout, pulvérisé, explosé, noyé... il finit toujours par devenir un engrais, une nourriture; une composante de cette terre ronde et encore résistante aux prédations de celui qui finira par la fertiliser d'une manière ou d'une autre.

Il est pas beau le paradoxe mon cher Lavoisier !?!

Quant à l'âme supposée, elle prend l'ascenseur !

Le lézard laissait ainsi ses réflexions existentielles se balader dans sa p'tit' tête de bois tendre alors qu'il arpentait les allées sablonneuses de l'étrange cimetière du village.

"Tu n'es que poussière et tu retourneras en poussière"

D'autant qu'en ce jour d'errance mortuaire, il y avait "bal poussière" sur le Sénégal. Un vent de Mauritanie se prenant pour un fog anglais.
L'atmosphère du champs de repos balayait doucement les sépultures, les ouatant d'un nouveau linceul éphémère. Seul un oiseau psalmodiait quelque cantique en toc, semblant se moquer de la frilosité des visiteurs à hanter les lieux en pareil éther.

Même Mignane, le gardien-fossoyeur-jardinier-concierge et ancien lutteur Sérère semblait aux abonnés absents. Sans doute trouvait-il du réconfort dans les émanations alcoolisées de l'arrière boutique du dépôt local de boissons douteuses...

Seul un laobé errait à mes côtés, louvoyant entre les tombes, lorgnant la moindre aubaine de caresse de ma part.
Le besoin d'affection de ces chiens hurle au cœur...

Il quitta l'ossuaire sans même saliver. Sans doute avait-il deviné que le papa d'Olof n'abandonnerait pas son compère temporaire sans lui trouver de quoi casser la graine...

Quant aux macabres macchabées, nous les avons laissés reposer en paix sous leur couche de terre douce, légère et fertilisée.

illustration Jogchem Niemandsverdriet